Les travaux menés par le Conservatoire d'espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine, en partenariat avec l'Observatoire FAUNA, ont permis d'élaborer la première version du référentiel espèces des Araignées de Nouvelle-Aquitaine (recensant pour l'instant 928 espèces). L'occasion pour la plateforme FAUNA de développer quelques outils supplémentaires sur les portails groupes taxonomiques !
Le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine a pour objectifs la gestion, la protection et la valorisation du patrimoine naturel des territoires. Sur les espaces naturels et semi-naturels dont il assure la gestion, le Conservatoire procède à l'inventaire de la faune, de la flore et des habitats afin de réaliser des diagnostics et des plans de gestion. Ce travail est mené en partenariat avec les associations naturalistes et les acteurs locaux.
Certains groupes d’invertébrés étant encore peu connus, le Conservatoire a proposé à la DREAL de Nouvelle-Aquitaine d’améliorer les connaissances les concernant : c’est ainsi que l’association travaille depuis 2019 sur les araignées de la région. Les données récoltées intègrent le SINP et participent ainsi également aux travaux menés à l'échelle nationale par l’AsFrA (Association Française d’Arachnologie).
Déjà partenaire de l'Observatoire pour son expertise sur les Rhopalocères et les Odonates, le CEN Nouvelle-Aquitaine est devenu le partenaire d'expertise de l'Observatoire FAUNA en 2020 pour le groupe des Araignées. Les objectifs de ce partenariat sont l’amélioration et le partage des connaissances sur ces arthropodes en Nouvelle-Aquitaine.
La première étape réalisée cet hiver par le Conservatoire, avec l'appui de l'Observatoire FAUNA, fut de lister toutes les espèces ayant été observées sur la région. Ce travail de synthèse est une première pour un territoire aussi vaste que celui de la Nouvelle-Aquitaine (comparable à celui de l'Autriche), et a nécessité un important travail de recherche d'observations naturalistes, ainsi que de validation scientifique des données. Parmi les données mutualisées (données professionnelles, de collecte participative, de bibliographie ou de collection), la plupart ont intégré le SINP (voir producteurs) et permettront ainsi à d'autres études et programmes de bénéficier de ce travail de compilation.
Ce travail bénéficie déjà au projet de cartographie entrepris par l’AsFrA (Association Française d’Arachnologie). Cette association, née en 2006, a pour but de promouvoir la connaissance des arachnides (excepté les acariens), d'aider à leur protection ainsi qu'à la préservation de leurs habitats sur tout le territoire français. L’association a une vocation scientifique, culturelle et éducative.
Une première version du référentiel espèces de Nouvelle-Aquitaine
Ce partenariat aboutit aujourd'hui au déploiement d’un nouveau portail taxonomique “Araignées” sur la plateforme FAUNA, donnant l’accès à de nombreuses informations sur le groupe : espèces recensées (avec leurs statuts de présence régionale, d'ingénat, d'endémisme...), photos, indicateurs, acteurs impliqués, etc.
La connaissance de ces espèces à un niveau plus local est en cours de construction et nous espérons disposer bientôt d’un référentiel complet de présence à l’échelle départementale. Néanmoins, une première approche est déjà disponible : il s’agit d’une analyse reposant sur au moins une observation du taxon dans le département, mais dont la date de dernière observation et le caractère régulier ou occasionnel/accidentel de la présence n'ont pas été consolidés à ce stade (voir la méthode et les statuts).
Les Araignées font partie de l'embranchement des Arthropodes. Elles sont présentes dans tous les milieux, avec une diversité remarquable (près de 1 800 espèces en France, dont au moins 43% présentes de manière certaine en Nouvelle-Aquitaine). Les exigences écologiques de ces espèces font d’elles de bons indicateurs de l’état des habitats : certains taxons sont ubiquistes, d’autres exigeants sur des paramètres tels que l’humidité de l’air, les caractéristiques du sol ou encore la structure de la végétation. Ce sont aussi des prédateurs qui ont besoin de proies en quantité. Pour toutes ces raisons, les Araignées sont de plus en plus prises en compte dans la conservation des milieux naturels, l’évaluation et la gestion des sites.
Pourtant, avec leurs 4 paires de pattes et presque autant d’yeux (souvent 3 à 4 paires), les Araignées sont aussi redoutées que méconnues. Certaines espèces communes, telles que les Tégénaires, peuvent dépasser les 10 cm de diamètre avec leurs longues pattes. Véritable cauchemar dans nos croyances populaires, l’effroi suscité par ces petites bestioles est totalement injustifié et ne perdure que par le manque de connaissance que l’on a d’elles.
4.0 | Paul FROMAGE
En France, aucune espèce n’est dangereuse pour l’Homme, et dans la majorité des cas, l’insignifiance de leurs crochets ne leur permet pas de percer la peau humaine lors d’une morsure. Elles n’ont d’ailleurs aucune raison de mordre sauf en cas de danger mais leur premier réflexe est de fuir. En plus d’être inoffensives pour l’Homme, elles sont indispensables à l’équilibre écologique des milieux. En tant que prédatrices, les Araignées jouent un rôle majeur dans la régulation des populations d'insectes (notamment les moustiques l’été), et sont elles-mêmes régulées par des prédateurs souvent spécifiques (reptiles, oiseaux, insectes... et araignées !).
4.0 | Paul FROMAGE
La Nouvelle-Aquitaine compte au moins 928 espèces d’Araignées. En effet, 8 espèces supplémentaires font en ce moment l’objet de recherches approfondies afin de valider ou non leur présence sur le territoire. De plus, du fait du faible niveau de connaissances actuelles sur ce groupe, d’autres taxons sont probablement présents, mais ne sont pas encore décrits ou observés. Le référentiel n'est donc pas figé, et est susceptible d’accueillir encore d’autres espèces dans un futur proche.
Majoritairement indigènes, il existe néanmoins 9 espèces introduites dont 6 espèces sont introduites et établies (formant des populations viables et durables en milieu naturel).
Enfin, il est intéressant de noter que près d’une cinquantaine d’espèces sont endémiques à divers degrés, dont 6 espèces sont endémiques de la région (endémisme néo-aquitain), c’est-à-dire qu’elles n’ont été observées pour l’instant nulle part ailleurs dans le monde.
Présence régionale
Nombre d'espèces
Présence certaine 765
Présence probable 159
Présence occasionnelle / accidentelle 4
Indigénat
Nombre d'espèces
Indigène 919
Introduite établie 6
Introduite non établie 3
Endémisme
Nombre d'espèces
Ibéro-pyrénéen 20
Pyrénéen 9
Ibéro-atlantique 6
Subendémique néo-aquitain 6
Endémique néo-aquitain 6