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Identification des lacunes de connaissances sur la biodiversité en Nouvelle-Aquitaine
publié le 10/05/2022
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Le rapport portant sur l'identification des lacunes de connaissances de la faune sauvage de Nouvelle-Aquitaine est paru. Cette étude menée par notre observatoire vise à cartographier les zones de méconnaissances naturalistes pour neuf groupes taxonomiques et met en évidence de fortes lacunes. En Nouvelle-Aquitaine, le taux de méconnaissance moyen par maille de 10x10km est de 63%.

Le rapport technique sur les lacunes de connaissances de la faune sauvage en Nouvelle-Aquitaine est disponible dans les ressources du site de l’observatoire.

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Définition et contexte national

Avec l’essor du partage des données naturalistes à l’échelle régionale, en lien avec le Système d’Information de l’iNventaire du Patrimoine Naturel (SINP), il devient nécessaire de disposer d’indicateurs mettant en lumière les progrès de la connaissance naturaliste et de son partage. Ces indicateurs mesurent notamment les zones de lacunes de connaissances, pour lesquelles des actions ciblées peuvent être proposées pour améliorer le niveau d’information disponible.

L’unité d'appui et de recherche PatriNat a ainsi lancé en 2017 un travail visant à identifier de façon robuste des zones déficitaires en informations naturalistes disponibles (Witté & Touroult, 2017). Cette première estimation des lacunes de connaissances naturalistes a été réalisée sur l’ensemble du territoire métropolitain et a retenu 26 groupes taxonomiques de faune, de flore et de fonge. L'objectif était de déterminer des zones de méconnaissance, c’est-à-dire d’établir par maille 10x10km des seuils d’espèces recensées dans le SINP en-deçà desquels la connaissance était insuffisante.

Ce premier rapport national est complété chaque année depuis 2016 d’un indicateur produit par Observatoire national de la biodiversité (ONB) dédié aux lacunes de connaissances naturalistes produites et partagées en métropole.

« En janvier 2021, d'après les informations naturalistes partagées au niveau national (métropole), on estime que pour une maille 10x10 km, en moyenne 66 % des taxons sont insuffisamment connus. Pour les groupes plus inventoriés par les naturalistes, la situation est meilleure, mais 30 % des groupes restent insuffisamment connus. » (ONB, 2021)

Travaux sur les lacunes de connaissances en Nouvelle-Aquitaine

La DREAL Nouvelle-Aquitaine a confié en 2018 la réalisation d’un premier bilan des connaissances naturalistes partagées à l’échelle régionale à la plateforme SINP Nouvelle-Aquitaine. Ce travail a été réparti entre l'Observatoire FAUNA (pour les taxons faune) et le Conservatoire Botanique Sud-Atlantique - CBNSA (pour la flore, la fonge et les habitats). L'étude s’est déroulée entre 2019 et 2020, avec comme objectifs :

  • dresser un bilan des démarches et des dispositifs régionaux de connaissance pour les groupes taxonomiques retenus ;
  • réaliser l'état des lieux des données d’observations partagées dans le SINP Nouvelle-Aquitaine ;
  • cartographier les zones de méconnaissances naturalistes pour chaque groupe taxonomique considéré.

Cette première approche vise à nourrir l’élaboration d’une stratégie régionale d’amélioration des connaissances de la biodiversité. L’identification des lacunes de connaissances est en effet un outil important d’aide à la décision pour les pouvoirs publics en quantifiant la performance des démarches d’acquisition et de partage des connaissances et donc en incitant in fine à combler les zones les plus lacunaires.

Rappel méthodologique

Cette étude s'est concentrée sur les données d’occurrence de taxons disponibles dans le SINP régional et porte uniquement sur le domaine terrestre. Pour rappel, une donnée d’occurrence se définit a minima comme le signalement de l'observation (par un observateur) d’un taxon à une date et une localisation. Les données de synthèse (données élaborées à partir de l'agrégation de plusieurs données d’occurrence) n’ont pas été analysées.
Neuf groupes taxonomiques ont été évalués :

Amphibiens
Reptiles
Mammifères non volants
Chiroptères
Oiseaux
Odonates
Rhopalocères
Orthoptères
Gastéropodes

La carte ci-contre synthétise (pour les neuf taxons étudiés) le nombre moyen de groupes taxonomiques lacunaires par maille. Ainsi, les mailles les plus rouges sont celles qui ont le plus faible taux de méconnaissance (0 ou 1 groupe taxonomique sous le seuil de lacune de connaissance). A contrario, les mailles blanches traduisent un fort taux de méconnaissance (= 8 ou 9 groupes taxonomiques sous le seuil de lacune de connaissance, soit la quasi-totalité des groupes retenus pour l’étude).

En Nouvelle-Aquitaine, le taux de méconnaissance moyen pour une maille 10x10km est de 63%.

On note que les secteurs présentant le plus d’espèces renseignées dans le SINP sont concentrés sur le département de la Gironde, au niveau des grandes agglomérations ou encore au sein d’espaces naturels en gestion.

Limite et perspectives

Cette étude constitue un premier bilan des lacunes de connaissances sur la faune sauvage partagées dans le SINP régional. Aucune distinction n’a été réalisée entre le manque de partage de données au SINP et le manque de connaissances à proprement parler. Or, le partage de connaissances au sein du SINP est un levier important d’amélioration de la connaissance naturaliste régionale, en particulier pour les groupes taxonomiques les plus couramment inventoriés.

Les données de synthèse (données élaborées à partir de l'agrégation de plusieurs données d’occurrence sur une période de temps ou une entité géographique données) n’ont pas été prises en compte dans cette étude. Elles constituent une source conséquente de connaissance partagée pour certains groupes taxonomiques et leur prise en compte permettrait d’ajuster les niveaux de méconnaissances naturalistes. Toutefois, ces données ne permettent pas de réaliser certains indicateurs (exemple : nombre de données par année d’observation).

L’indicateur du seuil de méconnaissance est binaire, il met en avant un manque de connaissances naturalistes par maille et non un niveau de complétude de la connaissance : les mailles qui sont au-dessus du seuil de méconnaissance ne sont pas des mailles qui ont pour autant un niveau de connaissance satisfaisant. Il pourrait être envisagé d’affiner ce seuil en prenant en compte le gradient de richesse géographique et en travaillant sur une liste d’espèces attendues par maille.

Enfin, l’étude se base sur un maillage régional 10x10 km et pourra être développé à un grain géographique plus fin (maillage 5x5 km, échelle communale) afin de mieux orienter les projets d’amélioration des connaissances.

Plusieurs perspectives de développement sont donc envisageables pour ce programme.



Crédit photo : Ellen LE ROY - Fauvette grisette

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