La Société Herpétologique de France (SHF) est une association loi 1901 fondée en mars 1971, ayant pour but de faciliter les rapports entre herpétologistes de langue française, de mieux faire connaître les Reptiles, les Amphibiens et leur rôle dans les équilibres naturels, de contribuer à une meilleure connaissance de la faune française et de sa répartition. Elle agit également pour protéger différentes espèces et leur environnement, et pour améliorer les conditions d’élevage des Reptiles et des Amphibiens, notamment à des fins scientifiques.

Face au constat alarmant de l'arrivée d'amphibiens envahissants sur le territoire de France métropolitaine, la SHF porte depuis 2016 le projet LIFE CROAA (Control stRategies Of Alien invasive Amphibians) avec sept bénéficiaires associés. Ce projet a pour objectifs d’identifier des stratégies optimales de gestion des populations d'Amphibiens exotiques envahissants établis en France métropolitaine - et plus particulièrement, celles de Grenouille taureau et de Xénope lisse - afin de protéger les espèces autochtones.

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Deux espèces exotiques envahissantes

La Grenouille taureau

La Grenouille taureau est un anoure pouvant être imposant (plus de 25 cm et près d’un kilogramme). Ayant une allure typique de grenouille, mais sans replis dorso-latéraux, elle présente un tympan très grand (surtout chez le mâle). Son chant, sorte de meuglement grave et sourd, lui a valu son nom. Sa ponte très importante est composée de plusieurs milliers d’œufs (avec jusqu’à 20 000 par ponte !). Les larves mettent jusqu’à 2 ans avant de se métamorphoser.

L’espèce fréquente tout type de milieu aquatique lentique, généralement artificialisé, chaud et végétalisé.

Originaire d’Amérique du nord, on la trouve aujourd’hui introduite dans plus de 40 pays. Son introduction a souvent été volontaire, pour sa consommation, le loisir ou la lutte contre des insectes ravageurs, mais aussi accidentelle, à la suite d’évasions de fermes d’élevage.

En France, elle a été importée pour l’ornementation et est aujourd’hui bien établie dans le département de la Gironde, mais aussi en Dordogne, en Sologne et dans le Loir-et-Cher.

Le Xénope lisse

Le Xénope lisse est un anoure de la famille des Pipidae, famille d’Amphibiens sans langue et à la vie très aquatique. Les Xénopes sont pourvus de griffes et vivent nativement en Afrique subsaharienne dans toutes sortes de plans d’eau (rivières à cours lent, mares, étangs, marais, flaques d’eau, bassins, réservoirs, fossés etc.).

Le Xénope lisse mesure jusqu’à 13 cm pour les femelles qui sont plus grandes que les mâles. Il a une morphologie globalement très différente des espèces européenne : son corps est assez plat, sa tête petite sans tympans, sa peau lisse et assez glissante lorsqu’on le saisit. Ses têtards présentent deux barbillons remarquables à côté de la bouche.

Fait marquant, le Xénope lisse a été utilisé à partir des années 1950 à travers le monde comme test de grossesse. De plus, l’espèce a été également vendue comme animal de loisir et est aujourd’hui l’espèce de vertébré la plus largement utilisée pour la recherche scientifique concernant la biologie cellulaire, la biologie moléculaire ou du développement. Du fait de cette utilisation, l’espèce a été introduite dans de nombreux pays européens (France, Italie, Pays de Galle) ainsi qu’en Amérique du Sud (Chili, Mexique), Amérique du Nord (Etats-Unis) et en Asie (Indonésie).

En France, on la retrouve plus particulièrement dans les départements des Deux-Sèvres, la Vienne, le Maine-et-Loire et la Loire-Atlantique. De nouveaux foyers de population ont récemment été découverts en Gironde (Bordeaux. 2015), dans le Nord (Lille. 2018) et en Haute-Garonne (Toulouse. 2019).

Quels impacts pour la faune locale ?

Ces deux espèces impactent de plusieurs manières la faune locale. Elles agissent :

• par prédation, en consommant des individus d’espèces locales (oeufs, larves, juvéniles, adultes) ;
• par compétition, en se nourrissant des mêmes proies ou en utilisant les mêmes habitats que les espèces locales ;
• par transmission d’agents pathogènes, en transmettant des ranavirus ou des champignons, tels que Batrachochytrium dendrobatidis, un pathogène entraînant la chytridiomycose, maladie responsable de mortalités massives d’Amphibiens à travers le monde.

Pourquoi signaler ces espèces ?

Les populations introduites de Grenouille taureau et de Xénope lisse se montrent très dynamiques et invasives. Le plus tôt elles sont découvertes et signalées, le plus rapidement des mesures de gestion pourront être mises en place, pour contrôler l’expansion et limiter les dégâts que ces espèces peuvent engendrer sur la biodiversité. Toute remontée d’information précoce est essentielle pour lutter efficacement contre ces espèces.

À ces fins, un système d'alerte automatique a été mis en place sur FAUNA à destination de la Société Herpétologique de France. Toute observation saisie sur FAUNA sera instantanément communiquée à la SHF. Vous pouvez également contacter directement la SHF : contact@lashf.org

Pour en savoir plus sur les critères d’identification de la Grenouille taureau et du Xénope lisse à tous les stades, consultez les fiches inventaires disponibles pour chaque espèce.