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Le chacal doré en Nouvelle-Aquitaine : trois questions à... Christian Arthur
publié le 30/09/2021
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4.0 | Zweer de Bruin

Président de la SFEPM (Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères), Christian Arthur répond à nos questions à propos du Chacal doré, observé en Nouvelle-Aquitaine pour la première fois en 2020

Le chacal doré en France et en Nouvelle-Aquitaine: est-ce une présence avérée dans notre région ?

Oui, depuis la prise en photo d’un individu de passage dans les Deux-Sèvres en décembre 2020, même si, depuis cette photo, il n’y a pas eu de nouvelles de cet individu. La photo a été certifiée et l'espèce est facilement identifiable.

Peut-on avoir un petit historique de l'expansion du Chacal doré et quelles raisons peut-on avancer pour l'expliquer ?

Suite à l'arrêt des persécutions en Roumanie, Bulgarie etc., le Chacal doré connaît une expansion vers l'ouest depuis 5-10 ans et a occupé la Suisse depuis 4-5 ans. Il est arrivé en France il y a 2 ou 3 ans (Savoie, Doubs, Bouches du Rhône, Deux-Sèvres). Il s'agit là d'une expansion naturelle parce que les tirs/piégeages se sont arrêtés dans les pays de l'Est d'où vient l'espèce et que la régression du Loup lui a enlevé un compétiteur. Les paysages agricoles ont aussi évolué dans ces pays de l'Est Européen, en Grèce également, et lui sont plus favorables. Donc l'espèce est en expansion. Peut-il s'implanter ? Oui, peut-être moins là où le loup est bien présent, mais dans toutes les zones de plaine, bocages ou collines, où la chasse au renard est également intense, la place sera libre pour lui. La réponse tiendra dans le statut qu'il aura.

Justement, quel statut légal aura officiellement le chacal doré en France ?

Pour le moment aucun. Par décision ancienne du Conseil d'Etat, tout animal n'ayant pas de statut réglementaire, présent ou arrivant en France, peut être d'emblée considéré et traité au plan légal comme une espèce chassable, ce que demandent d'ores et déjà les chasseurs. L'Union Européenne a déjà averti les Etats membres que l'expansion de l'espèce était naturelle, qu'elle ne devait donc pas être considérée comme une espèce invasive, et qu'au titre de la Directive Habitats, il fallait a minima la considérer avec l'annexe V de la Directive qui impose de gérer les moyens d'intervention mais ne définit pas un statut, à la condition que l'état de conservation soit favorable. La SFEPM, et d’autres ONG (UICN, LPO, FNE, FERUS) demandent à ce que l'espèce soit classée « protégée » car elle va occuper une niche intermédiaire entre renard et loup et ne devrait normalement pas poser trop de problèmes, tant économiques que sanitaires ou d'insertion dans les écosystèmes. Qu'en sera-t'il in fine ? C'est en tout cas la première fois en France qu'un carnivore arrive spontanément et naturellement sans intervention humaine !

Christian Arthur a une formation en écologie animale et dynamique des populations. Il a occupé les fonctions d’ingénieur de recherches « lagomorphes et prédation » à l'ONC, et de responsable scientifique faune du Parc National des Pyrénées. Il est aujourd’hui président de la SFEPM (Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères) qui suit particulièrement ce dossier auprès du Ministère et demande le statut d'espèce protégée pour le Chacal doré.

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